L'enlèvement (Séhalia[Marmo])

L'enlèvement
Séhalia 30/06 à 13:12



" Enfin elle se calme, grogna un premier homme à l'aspect sinistre.

- Je te l'avais dit, ce n'est qu'une gamine. Elle s'est épuisée."

C'était très dur pour Kenshy, de mentir depuis déjà plusieurs jours sans relâche en surveillant toujours ses arrières. Le pire était peut-être de savoir cette si jolie jeune fille prisonnière dans un endroit si insalubre.

Les paroles de l'homme qui l'avait engagé résonnaient encore dans son esprit.

" Je les veux tous morts tu m'entends ? Tous !

- Bien monsieur. La somme est à la hauteur du travail.

- Et si tu me ramènes leur chef mort, je double la mise.

- Préparez-vous à me donner une somme importante alors. Votre fille sera rentrée bientôt, vous verrez."

Il s'était incliné et était parti rapidemment, le seul bruit de ses talons frappant le sol et sa lame frottant en cliquetant. Un léger courant d'air traversa la pièce une fois l'homme disparut. La père de Mélina rit doucement et se frotta les mains.

"Hi ! Hi ! Ma fille récupérée et pas une pièce d'or pour ce mercenaire insouciant et hautain ! "

Kenshy s'était retrouvé orphelin très tôt et avait du apprendre à s'en sortir seul c'est ainsi que dès son plus jeune âge il avait appris à manier épées et toute autre sorte de lames afin de gagner sa vie en tuant des personnes, hommes, femmes, vieux, jeunes mais jamais d'enfants, lui rappelant trop son enfance désastreuse...

C'était enfin le jour tant attendu pour Kenshy, sa lame vibrait dans son fourreau de même que lui était impatient à l'idée de faire d'aujourd'hui l'une des plus belle boucherie qu'il n'ait jamais faite.

" Voilà la relève, on peut aller dormir, lança Kenshy calme et serein.

- Oui enfin ! C'est pas trop tôt."

Deux soldats de carure plutôt faible vinrent remplacer Kenshy et l'homme de diamètre imposant. Une fois passés dans l'arrière salle Kenshy dégaina avec rapidité son arme et grâce à une grande précision, il planta son arme exactement dans le coeur et la retira d'un coup sec. Il l'observa scrupuleusement pendant que l'homme tombait lourdement sur le sol, ce qu'il savait faire de mieux.

"Hum... Il y a plus de graisse sur ma lame que de sang. Je te rends un grand service tu sais."

Sa cape glissa sur le sol pendant que le soldat, la bouche ouverte laissant un large filet de bave quitter son orificie buccal agonisait jusqu'à mourir après qu'il ait senti le coup de vent de la porte se refermer sur lui.

"Te revoilà toi ? Tu étais pas censé quitter les lieux ?

- Si je vais bientot le faire."

Le jeune garçon posa sa main sur la garde de son épée, prêt à la dégainer et surtout prêt à ajouter deux morts à son tableau de chasse. Prisca, la femme de l'homme qui avait organisé l'enlèvement de la jeune fille qu'il était chargé de récupérer, l'interrompit dans son geste car elle sortit de la prison de Mélina et essuya rapidemment une larme espérant que personne ne la décèle. Le mercenaire se maudit en ayant vu cette larme s'inclina devant la femme et attendit qu'elle soit sortie avant de trancher les deux têtes qui tombèrent sur le sol dans un bruit flasque.

Il ne savait rien de la jeune fille qu'il devait ramener chez elle sinon qu'elle se prénommait Linoa, que sa mère était morte peu de temps après sa naissance et qu'elle avait un père extrêmement riche. On lui avait dit qu'elle était également très belle malgré son jeune âge, quninze ans, et était souvent malade, car surprotégée par son père, donc souvent seule.

Il se dirigea vers la lourde porte grinçante derrière laquelle se tenait le paquet si précieux qui lui apporterait de quoi arrêter de travailler et partir loin d'ici. Il entailla la porte par deux fois, en forme de croix et avec un coup de pied d'une grande puissance il la fit voler en éclat.

"Mademoiselle Linoa, votre carosse est avancé."

La jeune fille releva la tête et fut surprise lorsque la porte se brisa. Elle fut encore plus absourdi en voyant un jeune homme pénétrer dans sa cellule par effraction. Elle ne savait pas si elle devait être heureuse de quitter cet endroit ou bien alors triste car devant retrouver son père.

"Ne bouge pas d'ici princesse, je reviens vite."

Avant qu'elle n'ait pu dire quoi que se soit, le mercenaire quittait la cellule, la pointe de son arme laissant une trainée dans la poussière sur le sol accumulée depuis déjà plusieurs dizaines d'années. Il traversa un long couloir et fur et à mesure duquel, les changements s'opéraient : il devenait de plus en plus luxueux, de moins en moins sale, de plus en plus meublé...

Il fit enfin face à une double porte sur laquelle figuraient de grasses reliures en or décorant l'entrée. Un tapis de soie rouge menait droit à l'endroit auquel il se rendait d'une démarche assurée. Les portes claquèrent violemment et il s'engouffra dans l'une des premières portes qu'il trouva.

Il ne fut pas supris de découvrir l'homme qu'on lui avait demandé de tuer accompagné d'une jeune demoiselle d'une vingtaine d'années, bien autre que Prisca dans une position plutôt gênante pour lui. Il s'agita aussitôt et prit la première chose qui lui vint pour se vêtir un peu.

"Soldat sort d'ici immédiatement si tu ne veux pas mourir comme un rat que tu es !

- Et tu comptes faire comment ?"

Le porc, car à ce niveau il ne s'agit plus d'un homme, siffla une fois puis patienta avec un sourira sadique mais ce sourire s'effaça après quelques minutes. Il siffla et resiffla encore et son visage prit peur. Kenshy se mit à rire doucement et sourire. Il leva son arme et l'abbatit sur l'homme pendant que la jeune fille hurlait d'horreur. Prisca, la femme de cet homme, ou plutôt ce porc humain, fit son entrée dans la pièce, effarée, les larmes aux yeux.

"Non !"

Mais c'était trop tard, le corps, ensanglanté, se fracassa sur le sol.

"Jamais il ne te versera un sou, crois-moi ! Pas un sou !"

Prisca tomba à genoux en pleurant. Kenshy, prit de pitié pour cette pauvre femme bafouée, cracha sur le corps de l'homme et retourna chercher Linoa. Lorsqu'il la vit, son regard était plongé dans le vide, regarde triste ce qui lui fit du mal pour une fille qui pourtant pourrait être encore plus belle si son visage s'ornait d'un sourire. Il lui tendit la main en s'efforçant lui aussi de sourire afin de l'égayer un peu.

"Mais je ne sais même pas qui tu es...

- Si ça ne tient qu'à ça, lança-t-il attrapant la jeune fille dans ses bras, Kenshy, vingt-trois ans, mercenaire. Maintenant que les présentations sont faites, je t'emmène avec moi et on retourne chez ton père."

Il sentait bien qu'elle était loin d'être enthousiaste mais il devait la ramener, le contrat était ainsi et il n'y pouvait rien. Une fois arrivés chez Linoa, il la conduisit auprès de son père qui esquissa un sourire presque pervers. Il se leva d'un siège richement orné : pierres précieuses, brodures en fils d'or...

"Je dois parler à ma fille seule à seule. Nous revenons.

- Bien."

Kenshy ne s'étonna pas et s'appuya contre un mur, patientant. Il réfléchissait et pensait à Linoa. S'il partait, il ne la verrait plus jamais... Il secoua sa tête et pensa :

" Hey ! Je suis un mercenaire !"

Il se mit sur ses gardes lorsqu'il entendit des sanglots et vit Linoa reparaitre, tremblante et appeurée, les mains pleines de sang. Il courut vers la porte où elle s'était engouffrée avec son père et vit le corps de celui-ci, étendu, un poignard dans l'estomac. Son visage marquait la stupeur. Il revint vers sa protégée, maintenant agenouillée et lui murmura :

"Tu viens avec moi maintenant."

Depuis ce jour, Kenshy et Linoa sont inséparables. La fortune de son père a servi à construire des orphelinats un peu partout afin que les enfants tels que Kenshy n'aient pas à recourir au crime pour vivre et ainsi perdre leur innocence...